Chapitre 6 : Les Misérables de Victor Hugo est-il un roman réaliste? Séance 1 : Découverte

Les Misérables , séance de découverte :

 

Introduction :

Les Misérables est un roman de Victor Hugo paru en 1862.
Dans ce roman célèbre qui décrit la vie de pauvres gens dans Paris et la France provinciale du XIXe siècle, l'auteur s'attache plus particulièrement au destin du bagnard appelé Jean Valjean (bagnard veut dire prisonnier, qui étaient, à l'époque, enfermés dans ce qu'on appelait le "bagne" où ils étaient condamnés à effectuer des travaux pénibles).
Jean Valjean va croiser de nombreux personnages à sa sortie du bagne. Certains l'aideront, d'autres le pourchasseront. Son destin se trouvera lié à celui de Cosette, une petite fille pauvre maltraitée par sa famille adoptive.
Le roman rend compte de nombreux évènements historiques qui ont eu lieu au XIXe siècle, dont des émeutes qui ont secoué Paris en Juin 1832.

1 / Voici un premier extrait :

[...]

VI

JEAN VALJEAN


Vers le milieu de la nuit, Jean Valjean se réveilla.
Jean Valjean était d’une pauvre famille de paysans de la Brie. Dans son enfance, il n’avait pas appris à lire. Quand il eut l’âge d’homme, il était bucheron à Faverolles. Sa mère s’appelait Jeanne Mathieu ; son père s’appelait Jean Valjean, ou Vlajean, sobriquet probablement, et contraction de Voilà Jean.
 Il avait perdu en très bas âge son père et sa mère. Sa mère était morte d’une fièvre de lait mal soignée. Son père, émondeur comme lui, s’était tué en tombant d’un arbre. Il n’était resté à Jean Valjean qu’une sœur plus âgée que lui, veuve, avec sept enfants, filles et garçons. Cette sœur avait élevé Jean Valjean, et tant qu’elle eut son mari elle logea et nourrit son jeune frère. Le mari mourut. L’aîné des sept enfants avait huit ans, le dernier un an. Jean Valjean venait d’atteindre, lui, sa vingt-cinquième année. Il remplaça le père, et soutint à son tour sa sœur qui l’avait élevé. Cela se fit simplement, comme un devoir, même avec quelque chose de bourru de la part de Jean Valjean. Sa jeunesse se dépensait ainsi dans un travail rude et mal payé. On ne lui avait jamais connu de « bonne amie » dans le pays. Il n’avait pas eu le temps d’être amoureux.
Le soir il rentrait fatigué et mangeait sa soupe sans dire un mot. Sa sœur, mère Jeanne, pendant qu’il mangeait, lui prenait souvent dans son écuelle le meilleur de son repas, le morceau de viande, la tranche de lard, le cœur de chou, pour le donner à quelqu’un de ses enfants ; lui, mangeant toujours, penché sur la table, presque la tête dans sa soupe, ses longs cheveux tombant autour de son écuelle et cachant ses yeux, avait l’air de ne rien voir et laissait faire. Il y avait à Faverolles, pas loin de la chaumière Valjean, de l’autre côté de la ruelle, une fermière appelée Marie-Claude ; les enfants Valjean, habituellement affamés, allaient quelquefois emprunter au nom de leur mère une pinte de lait à Marie-Claude, qu’ils buvaient derrière une haie ou dans quelque coin d’allée, s’arrachant le pot, et si hâtivement que les petites filles s’en répandaient sur leur tablier et dans leur goulotte. La mère, si elle eût su cette maraude, eût sévèrement corrigé les délinquants. Jean Valjean, brusque et bougon, payait en arrière de la mère la pinte de lait à Marie-Claude, et les enfants n’étaient pas punis.
Il gagnait dans la saison de l’émondage dix-huit sous par jour, puis il se louait comme moissonneur, comme manœuvre, comme garçon de ferme bouvier, comme homme de peine. Il faisait ce qu’il pouvait. Sa sœur travaillait de son côté, mais que faire avec sept petits enfants ? C’était un triste groupe que la misère enveloppa et étreignit peu à peu. Il arriva qu’un hiver fut rude. Jean n’eut pas d’ouvrage. La famille n’eut pas de pain. Pas de pain. À la lettre. Sept enfants.
Un dimanche soir, Maubert Isabeau, boulanger sur la place de l’Église, à Faverolles, se disposait à se coucher, lorsqu’il entendit un coup violent dans la devanture grillée et vitrée de sa boutique. Il arriva à temps pour voir un bras passé à travers un trou fait d’un coup de poing dans la grille et dans la vitre. Le bras saisit un pain et l’emporta. Isabeau sortit en hâte ; le voleur s’enfuyait à toutes jambes ; Isabeau courut après lui et l’arrêta. Le voleur avait jeté le pain, mais il avait encore le bras ensanglanté. C’était Jean Valjean.
Ceci se passait en 1795. Jean Valjean fut traduit devant les tribunaux du temps « pour vol avec effraction la nuit dans une maison habitée ».
Il partit pour Toulon. Il y arriva après un voyage de vingt-sept jours, sur une charrette, la chaîne au cou. À Toulon, il fut revêtu de la casaque rouge. Tout s’effaça de ce qui avait été sa vie, jusqu’à son nom ; il ne fut même plus Jean Valjean ; il fut le numéro 24601. Que devint la sœur ? que devinrent les sept enfants ? Qui est-ce qui s’occupe de cela ? Que devient la poignée de feuilles du jeune arbre scié par le pied ?
Vers la fin de cette quatrième année, le tour d’évasion de Jean Valjean arriva. Ses camarades l’aidèrent comme cela se fait dans ce triste lieu. Il s’évada. Il erra deux jours en liberté dans les champs ; si c’est être libre que d’être traqué ; de tourner la tête à chaque instant ; de tressaillir au moindre bruit ; d’avoir peur de tout, du toit qui fume, de l’homme qui passe, du chien qui aboie, du cheval qui galope, de l’heure qui sonne, du jour parce qu’on voit, de la nuit parce qu’on ne voit pas, de la route, du sentier, du buisson, du sommeil. Le soir du second jour, il fut repris. Il n’avait ni mangé, ni dormi depuis trente-six heures. Le tribunal maritime le condamna pour ce délit à une prolongation de trois ans, ce qui lui fit huit ans. La sixième année, ce fut encore son tour de s’évader ; il en usa, mais il ne put consommer sa fuite. Il avait manqué à l’appel. On tira le coup de canon, et à la nuit les gens de ronde le trouvèrent caché sous la quille d’un vaisseau en construction ; il résista aux gardes-chiourme qui le saisirent. Évasion et rébellion. Ce fait prévu par le code spécial fut puni d’une aggravation de cinq ans, dont deux ans de double chaîne. Treize ans. La dixième année, son tour revint, il en profita encore. Il ne réussit pas mieux. Trois ans pour cette nouvelle tentative. Seize ans. Enfin, ce fut, je crois, pendant la treizième année qu’il essaya une dernière fois et ne réussit qu’à se faire reprendre après quatre heures d’absence. Trois ans pour ces quatre heures. Dix-neuf ans. En octobre 1815 il fut libéré, il était entré là en 1796 pour avoir cassé un carreau et pris un pain.
Place pour une courte parenthèse. C’est la seconde fois que, dans ses études sur la question pénale et sur la damnation par la loi, l’auteur de ce livre rencontre le vol d’un pain, comme point de départ du désastre d’une destinée. Claude Gueux avait volé un pain ; Jean Valjean avait volé un pain. Une statistique anglaise constate qu’à Londres quatre vols sur cinq ont pour cause immédiate la faim.
Jean Valjean était entré au bagne sanglotant et frémissant ; il en sortit impassible. Il y était entré désespéré ; il en sortit sombre.
Que s’était-il passé dans cette âme ?

Questions sur ce premier extrait :

 1. Quel métier effectue Jean Valjean au début de l'extrait?
2. De qui se compose la famille avec laquelle vit Jean Valjean?
3. Pour quel délit Jean Valjean est-il condamné au bagne?
4. En quoi peut-on dire à la lecture de ce premier extrait que Les Misérables va sûrement être un roman réaliste ? Répondez en développant au moins 2 arguments appuyés par des citations du texte.


2 / La vie de l'auteur des Misérables, Victor Hugo :


Document  :
La Biographie de Victor Hugo

     Né le 26  Février 1802 à Besançon, Victor Hugo était le fils dugénéral d'Empire Joseph Léopold Sigisbert Hugo et il avait deux frères.  Etant élevé par sa mère, il lui a révélé son rêve de devenir un écrivain connu en disant “Je veux être Chateaubriand ou rien”.  Il a publié ses premiers poèmes  “Odes”  et a reçu une pension de Louis XVIII à la même année où il a épousé Adèle Foucher. Après leur mariage, ils ont établi une famille avec cinq enfants. En 1827, Hugo a publié “Cromwell” et dans sa préface il a écrit le manifeste du mouvement romantique. Grace à cette œuvre, il est considéré comme le théoricien et le chef de l’école romantique. Après la publication des « Orientales », de « Hernani », de « Notre Dame de Paris » et en 1838, son chef d’œuvre romantique : « Ruy Blas », il a été élu à l’Académie française.
     Hugo était aussi reconnu pour ses idées sociales, humanitaires et politiques. Dans « Le Dernier Jour d’un Condamnée », il a exprimé ses opinions contre la peine de mort. En plus, il a du s’exiler à Jersey et Guernesey à cause de son opposition fervent au coup d’état organisé par Louis Napoléon Bonaparte. En 1862 Hugo a terminé « Les Misérables », un roman qui a augmenté sa popularité.
    Trois jours après avoir écrit “Aimer, c’est agir”, Hugo est mort à cause d’une congestion pulmonaire. On estime que deux millions de personnes ont participé à ses funérailles.




Questions sur le document :



  1. Quelle phrase prononcée par le jeune Hugo indique sa volonté de devenir un grand écrivain ? 

    2. Quelle phrase prononcée par le jeune Hugo indique sa volonté de devenir un grand écrivain ?

    3. A quel mouvement littéraire Hugo a-t-il appartenu ? Dans la préface à quelle œuvre a-t-il défendu ce mouvement ?
4. Quel autre grand roman de Victor Hugo reconnaissez-vous parmi les œuvres mentionnées dans cette biographie ?

5. Pour quelle cause Victor Hugo s'est-il d'abord engagé, en écrivant notamment Le  Dernier  jour d'un condamné ?

6.Quel détail, à sa mort, montre que Victor Hugo était un écrivain très populaire ?


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